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ekwerkwe's nest
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8 septembre 2007

La mise à nu des époux Ransome... d'Alan Bennett

Non contente de nous submerger de travail sur son autre blog de création littéraire (mais attention avant d'y aller finissez de lire ce billet!), dame Ekwerkwe l'initiatrice du blog où vous vous trouvez en cet instant n'oublie pas de noter des extraits de ses lectures pour nous les soumettre. Voici le dernier:

"Mrs Ransome était tranquillement assise dans un fauteuil à bascule en rotin qu'elle avait déniché quelques semaines plus tôt chez un marchand de meubles, au fond d'Edgware Road. C'était un magasin où, avant le cambriolage, elle n'aurait jamais imaginé qu'elle mettrait un jour les pieds, débordant de meubles sans style, de peintures criardes, et flanqué à l'entrée de deux léopards en céramique grandeur nature. Un magasin populaire, se serait-elle dit jadis - comme une partie d'elle-même continuait de le faire -, mais il lui avait été recommandé par Mr Anwar: en tous cas, le fauteuil qu'elle y avait acheté était merveilleusement confortable et ne lui donnait pas mal au dos, contrairement à la bergère où elle s'asseyait d'ordinaire, avant le cambriolage. Maintenant qu'ils avaient reçu le chèque de l'assurance, elle se proposait d'acheter un siège équivalent pour Mr Ransome, sauf qu'entre-temps elle avait fait l'emplette d'un tapis sur lequel elle avait installé le fauteuil et dont le motif - représentant un éléphant - brillait à la lueur de la lampe en cuivre qu'elle avait dénichée dans le même magasin. Les épaules couvertes par un châle de prière afghan (d'après ce que lui avait dit Mr Anwar), elle avait l'impression, assise au milieu du salon vide au plancher nu, de se trouver sur un îlot exotique et lointain."

La mise à nu des époux Ransome,Alan Bennett.

Alors vous vous en doutez sûrement, cette proposition nous (les invitées de dame Ekwerkwe) a vite emballées et nous avons bondi sur nos idées pour vous les faire partager. Tout le monde est allé fouiner ses archives, ses souvenirs, ses livres...

Donajuana dépoussière des mots de son bric à brac de cervelle et leur donne vie.

Les objets de trop.

Il reposa le réveil au cuivre verdi et moucheté au milieu d’antiques agendas et de faire-part jaunis, secouant la tête. Quel besoin, encore, quelle vanité de croire qu’il y aura jamais une raison d’arriver à temps ?
A l’intérieur, tout un monde hétéroclite, de l’after-shave éventé, un cœur « Je t’aime », autrefois transparent, légèrement opaque entre des pouces indifférents, à planter dans une composition florale de St-Valentin, un premier rendez-vous à ripoliner un peu (rose aux joues, brillant dans l’œil, par exemple), une course le premier matin (un peu échevelée, clopinante et tardive) vers la boulangerie où il ne reste malheureusement plus de viennoiserie…
Ces vieilleries avaient-elles encore une utilité ? Damien se pencha sur une fleur séchée blanche, enroulée encore dans sa cellophane, distingua les vendeurs ambulants indiscrets, sourit, lui mit une pichenette.
Le plus dur serait de remettre tout ça en état, et sans rire. Dans cette brocante, on n’en vendait même pas l’envie.

Stella farfouille dans sa bibliothèque et déniche quelques phrases un peu poussièreuses mais ô combien précieuses:

"Jérômine Gartner était assise dans le fauteuil, ses jambes écartées indiquaient une heure approximative, huit heures vingt, un peu plus ou un peu moins, elle était nue et morte. (...)
Le fauteuil où gisait son corps se trouvait dans le séjour, face à une étagère remplie de babioles, ce qui n'aurait rien eu de curieux si le fauteuil, du coup, n'avait pas été à la perpendiculaire du sofa, non pas face ou dos aux fenêtres mais parallèle. L'agencement était anormal. (...)
Mon regard glissa sur Jérômine Gartner et je me mis à étudier les objets posés sur les différents plateaux de l'étagère. Ce qui attirait tout d'abord l'oeil était une sculpture en bois sombre d'une vingtaine de centimètres de haut. D'origine africaine peut-être, elle représentait une grenouille, debout, portant à bout de pattes un enfant. La grenouille et l'enfant avaient des regards inexpressifs mais curieusement apaisants. On ne pouvait pas en dire autant de la créature, plutôt effrayante, dessinée sur papier pelure et mise en valeur dans un cadre sans vitre. Il ne s'agissait pas d'une bête, pas plus que d'un humain, une humaine en l'occurence, mais d'un mélange des deux quelque peu grotesque. Le visage était très pale. Les dents évoquaient des crocs. Ses cheveux, longs et emmêlés, descendaient jusqu'aux chevilles. Elle avait des seins flasques qui tombaient sur ses genoux et,
détail particulièrement horrible, de longues jambes poilues terminées par des pieds tournés vers l'arrière. Je fixai un moment le monstre puis considérai la multitude de fioles éparpillées autour d'un gong, sur le deuxième plateau. Les fioles contenaient du sable, il y en avait de diverses couleurs et, pour chacun, une étiquette en indiquait l'origine. Je commençai à lire en silence : îles du Vent (Polynésie), Mostaganem (Algérie), Valparaiso (Chili), Recife (Brésil), Port-au-Prince (Haïti), Leffrinckouck (France), Vik (Islande), Hydra (Grèce), Samarinda (Bornéo), puis je continuai en murmurant :
- Siquijor..."

Mourir n'est peut-être pas la pire des choses,
Pascal Dessaint, Rivages/Noir, 2003.

Cocje fait de l'archéologie d'exotisme et finalement se décide pour une photographie de son expérience à Tôkyô en juillet dernier. Dans un pays où la parole et l'écriture ne sont pas les vôtres, les objets prennent une place incroyable.

pucestokyo

Dame InFolio a enfin resorti ses vieux crayons à dessin et nous croque une scène d'ailleurs.

infolio

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Commentaires
L
En plus c'est hyper simple ! Il faudrait une page qui reste tout le temps (pour les ignares de mon espèce) avec les règles du jeu mais je ne crois pas que l'on puisse le faire sur canalblog. Dommage !
E
Effectivement, tu es une sacrée chanceuse!<br /> ;p<br /> <br /> Quand, sur ce blog, on ne comprend pas tout, on va voir dans la catégorie "comment on joue", et notamment ici http://ekwerkwe.canalblog.com/archives/2006/11/01/4802718.html pour les billets "à quatre mains".<br /> <br /> C'est mieux comme ça?
L
Bonjour à toutes. C'est vrai, je connais les "filles" de ce blog (et j'ai de la chance, croyez-moi, Patrice) et malgré ça j'ai cru voir dans ce billet un "private joke" auquel je n'avais pas accès. J'avais cependant compris la participation des unes et des autres mais pas le but du jeu. Ce n'est pas grave me suis-je dis mais je suis repartie un peu déçue. Ce qui ne m'empêche pas de revenir très souvent et d'aprécier la qualité de ce qui est écrit ici. Merci les fiiiiilles !
I
Coucou !<br /> <br /> Oui, enfin, j'ai pu trouver du temps pour faire le dessin. Mes crayons ne sont pas si vieux, mais plus tout-jeunes en effet, et juste à titre indication, il est aux crayonx ET aux pastels :)<br /> <br /> Finalement, à force de participer je me rends compte que je suis plus à l'aise avec le crayon gris ou un tracé rempli au crayon de couleur. <br /> J'avais eu des vélléités de re-tenter la gouache, mais je vais laisser tomber. <br /> <br /> @Patrice : l'inconnue annoncée dont on attendait la contribution, c'est moi, InFolio, pour vous servir... J'ai été un peu submergée pour suivre le rythme des autres cette fois-ci ! :)<br /> En tout cas, c'est intéressant d'avoir un avis aussi pointu sur notre participation au blog d'Ekwerkwe.
C
@ Patrice: Si tout va mieux c'est bien ! Quand à mon nom je brise certainement des mythes... eh non je ne suis pas la Cour de Justice des Communautés Européennes. Mais où allez vous chercher des choses pareilles ?
ekwerkwe's nest
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