Niourk, Stefan Wul
Voici un roman placé, à ma connaissance, dans au moins deux bibliothèques idéales: celle du Cafard Cosmique, et celle de Jean-Pierre Andrevon. Ce qui commence à faire lourd, côté lettres d'introduction...
Voici donc un enfant noir rejeté par sa tribu, qui nomadise dans ce qui correspond à notre Amérique centrale, sur une Terre presque entièrement asséchée et dépeuplée. Un enfant qu'un enchaînement de circonstances va mener jusqu'à Niourk, la ville en ruines dans laquelle subsiste une technologie qui dépasse complètement l'entendement des rares survivants...
J'avais lu Oms en série il y a quelques temps, et l'avais très moyennement aimé - d'où mon peu d'empressement à m'attaquer à Niourk. Eh bien malgré ses illustres recommandations, je ne l'ai pas beaucoup aimé non plus. Je l'ai trouvé plutôt bien écrit, avec quelques passages de SF photogénique (ah! les corps lumineux de radioactivité! les morts qui s'envolent! l'enfant qui joue aux pieds de la statue! les monstres de série B!), mais l'histoire n'est pas arrivée à m'intéresser. Certes, l'enfant noir copine avec un ours (depuis que j'ai lu La Guerre du Feu, je résiste difficilement à ce genre d'alliance entre l'homme et la bête, ça m'attendrit ridiculement), mais enfin, ce n'est pas suffisant, et c'est très périphérique. Il y a bien un électrochoc gore en cours de narration ("Bon appétit les monstres!"), mais là encore, c'est bien bref. Et plus on approche de Niourk, plus on entre en territoire SF, plus ça devient ennuyeux. Oui, positivement rasoir. Et même, grand-guignolesque - quoique sans humour.
A dire vrai, j'en suis encore à me demander de quoi ça parlait. Parce qu'en SF, comme les geeks le savent bien, il y a toujours un sous-texte plus ou moins marqué: et dès qu'on a passé l'âge de jouer aux combats de playmobils, le plus intéressant est la réflexion qui sous-tend le récit. Eh bien là, je ne l'ai pas vue, pas trouvée. J'accepte toute explication de texte, d'ailleurs. Car j'ai du mal à croire que Wul ait pu écrire tout ça (et moi l'avoir lu) simplement pour que tout le monde puisse s'extasier sur le retour aux origines (et quelles origines!) et les vraies valeurs de la vie au grand air. Si le môme a fait tout ce qu'il a fait avec sa cervelle survitaminée pour pouvoir jouer au petit chef au sein d'une tribu où seule vaut la loi du plus fort, où les femmes sont traitées comme des bêtes, et où il peut jouer au grand chasseur-chef de clan avec son fusil... Si c'est vraiment dans cet Eden-là que l'auteur nous invite à retourner... S'il n'y a bien que ça dans ce roman... Non. Merci. Sans façon.