Nazis dans le métro, Didier Daeninckx
Les nazis, ce n'est pas dans le métro qu'on les trouve: le titre, c'était juste un jeu de mots, et l'occasion de placer dans le bouquin une réplique comme un hommage. Mais ils sont là et bien là. Et après s'être égaré dans le marais poitevin, le Poulpe finit par retrouver leur trace, en plein Paris, en des endroits bien surprenants.
J'étais prévenue, et de toutes façons je suis résignée à l'idée d'avoir déjà lu le meilleur de Daeninckx. Le bouquin, qui est très court (tiens, je n'y avais jamais pensé, mais la longueur doit faire partie du cahier des charges des Poulpes), le bouquin donc est construit en dépit du bon sens. Les fausses pistes ressemblent plus à du remplissage qu'aux ajouts subtils et éclairants d'un scénario particulièrement retors. L'enquête elle-même n'en est pas une, les éléments tombants tout cuits, les uns après les autres, dans les grands bras du Poulpe. Le sujet par contre, le passage d'une partie de la gauche aux thèses de l'extrême-droite (ce que l'auteur appelle le "rapprochement brun-rouge"), méritait mieux que cette fausse enquête un peu bâclée de la part d'un auteur que je considère, quand il s'en donne la peine, comme un historien de premier ordre. Daeninckx a écrit ce livre au lendemain du 21 avril 2002 - pour un auteur comme lui toujours à l'affût des craquements malsains de notre société, des idées rampantes de l'extrême-droite, je suppose qu'il y a eu nécessité de réagir, mais, comme dans Ethique en toc, les intentions didactiques, trop démonstratives, prennent le pas sur l'intrigue: ça ne change rien à l'acuité des idées, mais beaucoup à mon plaisir de lecture.