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ekwerkwe's nest
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6 mai 2007

Le livre d'or de la science-fiction italienne

L'Opéra de l'apocalypse

blog___or___sf_italienneLes années d'attente, Maurizio Viano
Ministre de nuit, Anna Rinonapoli
Les belles filles de Madame Doré, Giuseppe Pederiali
Un tryptique pour nos frères, Sandro Sandrelli
Trente-sept degrés centigrades, Lino Aldani
Le dernier Pape, Roberto Vacca
Propos sur Londres et quelques crimes, Ugo Malagutti
L'explosion du Minotaure, Vittorio Curtoni
La fin de l'âge d'or, Piero Prosperi
Où meurt l'astragale, Livio Horrakh
Les Hommes des Tableaux, Renato Pestriniero
Dans la boule de cristal, Vittorio Catani
Circé, Mauro Miglieruolo
La logique du murex, Gianni Montanari

Couverture peu attrayante(!) contre titre prometteur, j'ai commencé ce recueil de nouvelles avec curiosité, me demandant quelles pouvaient être les spécificités de la SF italienne (s'il y en a), et en espérant qu'elles ne soient pas d'aussi mauvais goût que le laissait supposer l'illustration de mon édition 1981...

La science-fiction est, pour moi, l'un des versants littéraires de la critique politique et sociale. Et en tant que secteur éditorial, elle est évidemment soumise à des contraintes locales et nationales. Je n'ai donc pas été surprise de découvrir une unité de ton et de thèmes assez différents de ceux dont j'ai l'habitude, et je ne pense pas que cela soit dû au seul regard des anthologistes.

Le sous-titre de l'anthologie, "L'opéra de l'Apocalypse", rend assez bien compte du thème très pessimiste qui quadrille ce recueil: la peur d'une catastrophe nucléaire, vécue comme inévitable, et les mutations physiques qu'elle engendrerait. Et sur ce futur brûlé, la religion projette son ombre plus ou moins sombre, plus ou moins déformée.

Il me semble que c'est la première fois  que je lis un recueil de nouvelles (qui plus est dans cette collection) sans qu'aucune ne parvienne à m'accrocher. Certaines sont pourtant fort bien écrites (dans des genres très différents, Dans  la boule de cristal ou Propos sur Londres et quelques crimes), d'autres sont de vraies bonnes idées de science-fiction (Les hommes des tableaux ou 37° centigrades, cette dernière présentant d'ailleurs des similitudes avec l'une des séquences de SOS bonheur, la BD de Griffo et Van Hamme, trop troublantes pour relever de la coïncidence). Le niveau général est loin d'être mauvais, mais bien que je les aie lues consciencieusement jusqu'à la dernière, je n'en ai pas trouvé une seule réellement brillante.

Il y a plus: l'ensemble m'a paru daté, et m'a fait prendre conscience de ce que tout fan de sf qui se respecte a, je suppose, réalisé depuis longtemps: la catastrophe post-nucléaire ne fait plus recette, comme si on avait eu peur trop longtemps, et que cette peur ait été en réalité démentie, puisque catastrophe il y a eu, depuis ces années 70 si inquiètes, mais, arrivée hors d'un cadre conflictuel, elle n'a vraisemblablement pas été assez massive, et la désinformation a trop bien joué, pour que l'on veuille encore la considérer comme une possiblité. Et ça, ce décalage si dangereux entre le présent et nos projections sur le futur, ça me fait quand même beaucoup réfléchir. Et ça m'inquiète...


J'avais commencé ce billet sous le titre "en ce moment", ce qui avait donné lieu à quelques commentaires. Une petite erreur de manipulation, et j'ai supprimé le billet, et ses commentaires... J'en suis désolée pour les contributeurs!

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Commentaires
E
Merci!<br /> <br /> Ecrire est, à l'évidence, une forme d'engagement. Damasio le dit très bien, dans son interview par le Cafard cosmique (http://www.cafardcosmique.com/Alain-DAMASIO-Je-fabrique-des)<br /> <br /> Lire l'est aussi, sous une autre forme.<br /> <br /> Quant aux catégories... Classer, c'est aussi penser, comme le dit très bien Georges Perec.
F
Petit comm sans rapport : je viens de jeter un oeil à l'ensemble du blog (chose que je n'avais pas eu le temps de faire jusqu'à présent) et j'aime beaucoup tes catégories... (même s'il m'a fallu une bonne minute pour comprendre le pourquoi du comment:))
F
Je trouve ton billet et ton analyse de la SF en général et de la fin de la peur du nucléaire en particulier très bons... (c'est peut-être parce que je suis entièrement d'accord avec toi :)) Je passerai donc sur la SF italienne, il y a suffisamment de choses que je n'ai pas lues pour ne pas m'encombrer de livres peu enthousiasmants...
ekwerkwe's nest
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