Les lions d'Al-Rassan, Guy Gavriel Kay
Dans une péninsule qui pourrait être (qui est) celle de l'Espagne de la Reconquista, l'Al-Rassan autrefois gouvernée par les lions s'effondre lentement, dans une agonie sanglante et flamboyante. L'âge d'or asharite a extirpé de la gangue d'une société médiévale fruste et rigoriste une idée plus brillante de la culture, de la beauté et du raffinement. Parmi les Asharites, maintenant davantage enclins à la douceur de vivre qu'aux rigueurs de la religion, les Kindaths, éternels errants, éternels pourchassés, ont trouvé quelques années de répit. Mais dès que les Jaddites du Nord menacent de reconquérir l'Al-Rassan divisée entre ses roitelets qui ont perdu la puissance et la splendeur des lions, les vieux réflexes se réveillent, et les boucs-émissaires traditionnels sont à nouveau pourchassés.
Sans mièvrerie et sans clichés, Guy Gavriel Kay écrit un fabuleux roman de fantasy historique (crédible, cohérent, bien documenté), un émouvant roman d'amour (ou plutôt d'amours, complexes et entrecroisées), et un plaidoyer sensible et intelligent pour la tolérance et le mélange des cultures. Rien que ça? Ben non. Car en plus, il écrit merveilleusement bien, et il est traduit en français par Elisabeth Vonarburg: à la lecture, c'est un enchantement.
Bref, c'est un roman à lire, absolument. Et si la lectrice est reconnaissante à l'Atalante de l'avoir publié (dans ses magnifiques collections, en plus!), elle se demande ce que fait un roman qui a tout de la littérature mainstream en terre de SFFF. A part une lune de trop, oui, c'est vrai. Mais elle ne fait pas grande différence.